Rémy Hysbergue entretient avec la peinture une relation particulière faite à la fois d’emprunts, d’hybridations ou encore de métissages. Travaillant depuis plus de 15 années, il mène une réflexion sur les méthodes de travail et ses œuvres s’inscrivent toujours dans une production sérielle. Ainsi, pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Jean Brolly, seront présentées trois nouvelles séries qui ont pour titre « Furtifs », « Pour voir » et « Entre deux ».
Rémy Hysbergue prend plaisir à jouer avec des codes picturaux issus de l’héritage occidental. Son œuvre protéiforme, met en évidence une méthode de travail qui répond à des critères précis, préalablement définis : support utilisé, nombre limité de couleurs, scotch de masquage, superposition de techniques opposées …
Sa démarche procède d’une permanente interrogation sur le statut de la peinture et sur les procédures du travail et pousse l’effet jusqu’à nous faire douter de notre perception de la beauté. Son art en appelle indifféremment à des factures très diverses, tour à tour floutées, lyriques, système de réseaux et à une touche aussi bien lisse qu’expressive ou lente qu’empréssée.
Rémy Hysbergue utilise le hasard comme un paramètre indispensable pour laisser se produire l’imprévisible. Le hasard est convoqué consciemment et agit comme un stimulant sans toutefois échapper au contrôle de l’artiste qui, pour parvenir à un équilibre, opère certaines corrections échappant ainsi à un processus aléatoire.
La dernière série intitulée « Furtifs » illustre parfaitement ce désir d’inventer la peinture tout en la détruisant. Le tableau se transforme en un véritable tableau relief tel une banquise brisée, mais les effets sont toujours prévenus et les accidents toujours volontaires. Le chaos n’est ici qu’apparent.
L’originalité de l’œuvre de Rémy Hysbergue réside dans cette mise à distance qui consiste à échapper à la notion de style tout en revendiquant ouvertement la notion de plaisir esthétique.