« Territorium N° 18 », titre donné à la première exposition présentée à la galerie Jean Brolly n’échappe pas au caractère méditatif qu’ont toutes les expositions de Günter Umberg. Le spectateur est comme hypnotisé par ces surfaces monochromes d’une matité absolue. Son regard est troublé par une matière opaque, indéfinissable, au fort pouvoir attractif.
C’est à partir de 1977, que l’artiste développe un travail qui consiste, par une succession de couches croisées, à recouvrir des panneaux de bois avec des pigments fixés par une résine naturelle appelée Dammar. La couleur noire, éclairée par une pointe de bleu, sera fréquemment utilisée jusqu’à devenir sa marque de fabrique. Seules, quelques oeuvres en orange-titane ou vert-cadmium feront exception à la règle. Les panneaux sont de formats modestes et souvent biseautés ce qui permet à l’œuvre d’être détachée du mur par un léger vide laissé derrière les surfaces opaques.
Cette peinture radicale nécessite une présentation à laquelle l’artiste accorde la plus grande attention : généralement une œuvre par mur à un emplacement spécifique pour concentrer le regard et établir une relation physique avec l’observateur.
Il faut savoir prendre du temps pour contempler toute la matérialisation de la sensibilité que dégagent ces monochromes subtils qui sont d’une extrême fragilité. Tels des tableaux-miroir, ils nous invitent à un face-à-face où l’image attendue en retour ne serait pas au rendez-vous. Devant la densité du noir, cette peinture éveille en nous une prise de conscience de notre propre présence.
De cette œuvre essentiellement visuelle, toute en retenue, chargé d’un pouvoir attractif saisissant, il en émane une puissance émotionnelle proche de l’ineffable.