« J’avais besoin de silence. Ce fut alors un coup de poing sur la table : du rouge, du rouge, du rouge ! » – Bernard Aubertin
Cette 3ème exposition réalisée à la galerie Jean Brolly met l’accent sur l’un des aspects essentiels du travail de Bernard Aubertin : la couleur rouge.
Pour Bernard Aubertin, l’appréhension de l’énergie a, dans son travail, un rôle déterminant. La couleur rouge a toujours été et continue d’être pour l’artiste la couleur la plus appropriée pour diffuser cette énergie par imprégnation. Dans l’exposition, des œuvres plus historiques (« Rouge flamme » – 1972/76 et « Rouge flamme » – 1978, « Carré zérotique » – 1987, « Monochrome rouge (série parpaing) » – 1989 et « Monochrome rouge » – 1996) seront confrontées à des travaux récents comme ces sculptures en bois (poutres en chêne) ou simples planches entièrement recouvertes de couleur rouge ou encore une série de « tableaux-clous » réalisés avec des semences de tapissier soigneusement alignées et à peine enfoncées dans des planches de bois.
Bernard Aubertin pense son travail en terme de « sensation physique » et de « combat »pour parler de cette couleur qui va dominer une grande partie de son œuvre. Il rencontre Yves Klein en 1957. Cette rencontre sera décisive puisqu’elle orientera son oeuvre dans le sens d’un absolu matérialiste. C’est alors qu’il réalise ses premiers monochromes rouges. Datés de 1959, formant des dents en relief, ils seront réalisés avec un geste mécanique, à l’aide d’un couteau à peindre. Puis viendront dès 1961 les premiers « Tableaux-clous » dans lesquels l’artiste dispose de façon régulière des clous, des vis ou des pitons qu’il recouvrira de peinture rouge. Le rouge comme énergie vitale le conduira très vite à élaborer ses « tableaux-feu » réalisés avec des allumettes auxquelles il met le feu mais aussi des livres brûlés.
En 1961, il rejoint le groupe allemand Zero de Düsseldorf formé en 1959 par Heinz Mack, Otto Piene et Günther Uecker, dont Yves Klein était assez proche. Tous ces artistes avaient une prédilection pour le monochrome qui permettait de se libérer de toute subjectivité et de considérer l’espace du tableau comme un élément déterminant.