du 05/09/2015 au 10/10/2015
Masse critique
Simon Boudvin, Eugène Dodeigne, Philippe Gronon, Takesada Matsutani, Claude Rutault, Fred Sandback, Michel Verjux
L’œuvre de Michel Verjux « Matière noire et lumière blanche » a été le point de départ de cette exposition collective qui interroge la sculpture et ses développements « à la limite du possible, au seuil du rien », selon la formule de René Denizot.
La sculpture au XXe siècle a modifié profondément notre regard et notre perception de l’espace ; elle a permis de mettre fin aux catégories traditionnelles et au cloisonnement entre peinture, sculpture, photographie, et autre moyen d’expression.
Avec un choix réduit d’artistes, cette exposition intitulée « Masse critique », montre la diversité et la richesse de l’idée de sculpture et met l’accent sur des recherches singulières qui concernent autant les formes et les matériaux que les idées et les concepts.
Ainsi, on retrouve les cuves à mazout de Simon Boudvin – œuvres presque minimalistes, qui du fait de leur décontextualisation, interrogent le réel et notre propre rapport au monde- confrontées à une d/m (de pile en pile) de Claude Rutault ou une peinture de Matsutani au caractère très physique.
Une projection de Michel Verjux, intitulée « Matière noire et lumière blanche », joue avec un podium de couleur noire. Immanquablement attiré par cette œuvre d’une grande intensité formelle notre regard oscille entre ce cercle lumineux qui s’élève sous la verrière et la masse noire, en demi-cercle, posée au sol. Face à cette installation, les photographies de Philippe Gronon représentant la face de projecteurs de l’Opéra de Paris sont comme un clin d’œil à l’éclairage de Verjux. Elles nous montrent une réalité frontale de ces appareils, à l’échelle 1. Fonctionnant comme de véritables portraits d’objets, une autre photographie de la série des coffres-forts et portant la marque « Petit Jean » se trouve confrontée à une sculpture en lave d’Eugène Dodeigne représentant une tête grossièrement dessinée. La relation est saisissante entre la platitude de cette chambre forte qui garde tous ses mystères et la masse de la roche volcanique gardée très brute.
Peut-on évoquer l’idée de masse sans faire référence à sa dématérialisation ? Jouant ce rapport à l’espace, la sculpture de Fred Sandback, datée 1976/89 s’impose malgré son immatérialité – fil de laine rouge tendu entre le sol et le mur, elle dessine une forme géométrique avec un plan virtuel.
À travers le regard subjectif de cette exposition, le passé est t-il pour autant gommé ?
Un magnifique marbre Antique, buste drapé de Mercure, interroge quant à lui sur ce qu’il reste de cet héritage dans notre monde en constante transformation. Toutes ces œuvres alimentent par leur nature toutes nos réflexions.