François Ristori avait prévu cette exposition et choisi quelques œuvres marquantes de son parcours de peintre. Son décès le 27 janvier 2015 n’a pas interrompu la réalisation de ce projet qui devient ainsi le premier hommage à son œuvre.
François Ristori est peu connu du grand public. Pourtant, il appartient à une génération d’artistes , qui dans les années 60, menaient des recherches radicales en questionnant la peinture.
Au début des années 60, François Ristori faisait une peinture à l’huile gestuelle qu’il qualifiait lui-même de « post-automatique ». Mais très vite apparaissent dans ses recherches de grandes taches appliquées avec de larges pinceaux couvrant toute la surface de la toile et ce, à partir de 5 couleurs dont 2 seront éliminées par la suite : le jaune et le vert.
Fin 1967, il met en place un travail rigoureux qu’il appliquera durant toute sa carrière. Sa pratique, proche des propositions de BMPT*, se caractérise par une mise à distance de toute subjectivité et la mise en place d’un protocole ainsi énoncé :
« Traces-formes hexagonales se présentant conjointement, alternativement en bleu, en rouge, en blanc, et jusqu’à couvrir toute la surface donnée, OBTENUES en opérant systématiquement sur chacun des côtés de chaque hexagone d’une trame, à partir de points de repère, une « intervention » – ici qui s’effectue toujours selon un même processus, et suivant des principes déterminés. »
Ainsi, le gabarit hexagonal est transformé selon des règles précises pour devenir une trace-forme qui emboitées les unes aux autres ont toutes la particularité d’être légèrement différentes. Les couleurs s’enchaînent, bleu, rouge, blanc, dans un ordre choisi par l’artiste et qui varie selon les tableaux.
L’exercice du regard, avec ce travail sans effet ni affect quasi mécanique, est ici mis à l’épreuve. La répétition systématique de la trace-forme et l’impact visuel immédiat des 3 couleurs offre une peinture réduite, sans message certes, mais qui offre à celui qui prend le temps de bien regarder, d’infimes variations. Elle a le mérite de susciter une vraie réflexion sur la peinture, l’acte de peindre et de ses limites bien loin des tendances et des modes qui animent la scène artistique d’aujourd’hui.
* Buren, Mosset, Parmentier, Toroni
Une publication est éditée à cette occasion aux éditions Jannink avec des textes de Bernard Blistène, Eric Decelle, Lefevre Jean Claude ainsi qu’une sélection d’écrits de François Ristori.