Montrer en 2019 ce que je faisais dans les années 60 en essayant de dévoiler au public ce qui
m’a permis d’arriver à ce que je fais aujourd’hui, voilà l’ambition de cette exposition.
Il fallut puiser dans l’enfance ce qui diligente aujourd’hui cette avidité du regard précédant le
toucher. Il ne suffisait pas d’évoquer des souvenirs, il fallait retrouver les mêmes situations pour
faire revivre les émotions. Il fallait ne pas considérer le passage à l’âge adulte comme une frontière
à sens unique. Il fallait se débarrasser de tout ce que nos sociétés ont inventé pour que les ponts
soient coupés avec la soi-disant inconscience de l’enfance.
C’est peut-être ça être artiste, cette mise à nu que j’ai si souvent évoquée. Le refuge que j’ai
trouvé, de six à vingt ans, dans une pratique solitaire des sciences était ma manière de ne pas
accepter ce que l’on tentait de m’imposer. La critique alors n’a pas compris, mais pouvait-elle
comprendre, en avait-elle les possibilités avec les moyens qui sont les siens ? J’en doute.
J’ai choisis de me situer dans un « entre », empruntant parfois aux sciences leurs méthodes
en considérant que la séparation entre elles et l’art était arbitraire et on n’a pas aimé ma manière
de faire.
Suis-je arrivé à vous faire sentir la fluidité des passages ? Je n’en sais rien, encore une fois
c’est un saut dans l’inconnu, une tentative de vous dire : « ils ont la volonté de nous tromper et ils y
arrivent, mais tout n’est pas perdu, les Nymphes sont parmi nous, sachez les voir sans les déranger
dans les sources et les fontaines où elles aiment se réfugier. »
Paul Armand Gette