Pour cette nouvelle exposition à la galerie Jean Brolly, Nicolas Chardon présente un ensemble d’œuvres réalisées ou pensées lors de son séjour à la Villa Médicis (2008/2009).
« Abstract » est une œuvre constituée de 8 toiles de formats différents, sur lesquelles viennent s’inscrire chacune des lettres du titre, seules ou répétées, à l’instar d’un exercice d’écriture. La répétition et la déformation des lettres évoquent une certaine familiarité avec la poésie sonore dadaïste.
Une grande « Cible » en 4 parties est présentée de manière non conventionnelle puisque que son centre est renvoyé aux quatre coins extérieurs. En vis-à-vis, le tableau « Cible losange » quant à lui, repose sur la pointe.
L’œuvre la plus surprenante est une peinture polyptyque constituée de carrés de 80×80 cm. Intitulée « Mosaïque », elle se déploie librement sur un mur comme une peinture sans fin. Pour cette œuvre, Nicolas Chardon a opté pour une intervention minimale répondant à une interrogation invariable dans son travail. En effet, la question du fond peint, par rapport à la forme, est ici évacuée puisque l’artiste prend le parti de peindre, en bordure de chacune des toiles, une répétition de 4 formes noires, en laissant en réserve le tissu quadrillé de la toile (petit vichy noir), mettant ainsi clairement en évidence le procédé de son travail.
Depuis toujours, Nicolas Chardon applique une méthode qui consiste à tendre un tissu à carreaux (vichy, madras, écossais, damier) sur un châssis puis à peindre des figures géométriques en suivant les lignes de l’imprimé du tissu, qui perd son orthogonalité du fait de la tension.
Seul, le champ de la toile sera gardé vierge, comme un indice, invitant ainsi notre regard à quitter la frontalité du tableau et à nous interroger sur le processus mis en place.
Ce qui intéresse l’artiste dans les étapes de conception et de fabrication du tableau, c’est une certaine neutralité et une mise à distance du résultat. Si son travail s’appuie sur l’observation du réel, c’est surtout une démarche conceptuelle animée par des paradoxes qu’il convient de retenir. Ainsi, il se plaît à dire par exemple que tendre
assouplit, bousculant ainsi certaines valeurs modernistes aux codes plus rigides.
Pour l’artiste, le moment de peindre intervient comme un après-coup, comme si la toile tendue sur le châssis avec ses couleurs et son motif suffisait à être un bon tableau moderne, achevé, mais qu’il fallait « re-faire ». Cette réflexion s’exprime tout particulièrement dans son dernier travail intitulé « Mosaïque » précédemment évoqué.
Nicolas Chardon présentera également une œuvre dans l’espace de la vitrine avec une intervention lumineuse de Michel Verjux, intitulée « Cercle et carré ».