« […] la lumière, ce fluide subtil qui remplit l’Univers, qui en déploie à nos yeux l’immense étendue, en développe les différentes parties, distingue tous les corps par l’éclat ou les couleurs qu’il leur prête ». Newton.
Cette exposition est une première car jamais ces deux artistes dont le travail s’inscrit toujours dans l’espace, n’avaient envisagé une collaboration avec une complémentarité si parfaite.
David Tremlett et Michel Verjux ont donc décidé de faire œuvre commune, chacun dans leur champ respectif : le premier, avec un dessin mural (Wall Drawing), le second, avec ses éclairages ou lumière projetée.
Intitulée « Light from Matter / Matter from light », cette exposition insolite réunie et confond deux réalités matérielles que tout oppose : le noir et la lumière.
3 œuvres, imposantes, sont ainsi présentées.
La première, est un cercle qui occupe toute la hauteur d’un mur. Coupé en 2 dans le sens de la hauteur, une moitié est réservée à une projection de lumière, tandis qu’un dessin à la graisse noirâtre, appliquée aux doigts, rempli l’autre partie.
La seconde se développe sur tout le grand mur donnant l’impression d’un grand panoramique. Un carré de graisse est prolongé par deux carrés de lumière de tailles identiques, eux-mêmes entourées par deux dessins rectangulaires à la graisse qui se prolongent par une fine bande sur les murs adjacents. Pour cette œuvre, David Tremlett a choisi d’étaler cette matière graisseuse horizontalement contrairement à la précédente où les traces sont verticales. La troisième est plus sculpturale. Michel Verjux projette sur un parallélépipède luisant de graisse un cadrage lumineux qui déborde très légèrement la masse noire, solide, pour dessiner une découpe de lumière sur le mur.
On peut s’étonner de l’utilisation par David Tremlett de cette matière graisseuse, lui qui a tant tiré parti du pastel pour ses Wall Drawings. Pourtant, dès 1969, ce matériau était déjà présent dans l’une de ses œuvres. La graisse, par ses reflets changeants, ne rappelle t-elle pas la brillance du graphite, cher à l’artiste, avec le relief en plus ? L’aspect repoussant de cette matière, non conforme aux techniques artistiques, révèle non seulement la trace de la main de l’artiste, geste primitif, mais avant tout la lumière qui est le principal sujet de préoccupation de Michel Verjux. Devant ces œuvres, le spectateur est saisi par l’intensité de cette présence physique, tactile et sensuelle, générée par cette confrontation entre le noir et la lumière. Est-ce le combat acharné de deux forces qui ne peuvent se transformer l’une en l’autre ou, au contraire, sommes-nous face un parfait équilibre ?
Cette exposition est avant tout une réflexion sur la lumière qui révèle toute l’ambiguïté des rapports qu’entretiennent matière et lumière.
En mars prochain, David Tremlett et Michel Verjux sont invités à renouveler cette expérience commune au MAMAC de Nice pour une installation dans un escalier.
David Tremlett est né en 1945. Il vit et travaille à Londres.
Michel Verjux est né en 1956 à Chalon-sur-Saône et vit à Paris.