« La représentation picturale de corps sexués, voilà l’objet de mon travail. » Benjamin Swaim
La galerie Jean Brolly présente pour la première fois les œuvres de Benjamin Swaim : ses peintures des séries Salammbô Schreber, Les sculptures de ma mère, remarquées au Palais de Tokyo en 2010, ainsi que des travaux sur papier, « images surpeintes », réalisées à l’encre de Chine.
Les dernières huiles sur toile de Benjamin Swaim nous plongent dans un univers particulier, teinté selon l’artiste, d’un « expressionnisme queer » où l’on assisterait à la destitution de la puissance masculine au profit d’un devenir-femme.
C’est bien à une rencontre quasi érotique que nous convie Benjamin Swaim.
La série de peintures Salammbô Schreber qui donne le titre à l’exposition est composé de 2 noms : celui de l’héroïne du roman « Salammbô » de Gustave Flaubert et celui d’un homme qui devient femme : Schreber – auteur des « Mémoires d’un névropathe » que commente Freud dans « Cinq psychanalyses ».
Les œuvres de Benjamin Swaim sont donc investies par un principe d’érotisation. Ainsi, les formes hybrides peuvent être interprétées comme des détails d’anatomie intime. Souvent molles, parfois agressives, elles témoignent des préoccupations du peintre, de ce va-et-vient entre le féminin et le masculin.
L’érotisme est ici sauvage, provocateur, presque obscène.
L’art n’est-il pas le lieu par excellence de la métamorphose et de tous les possibles?
Le peintre célèbre dans cette exposition l’ambiguïté de la peinture et de son illusionnisme, tout en soulevant des questions sur la représentation, la réalité, le pouvoir de séduction de la couleur et des formes.
La symphonie des noirs utilisées pour les fonds invite à une vision rapprochée tout comme les œuvres sur papier rehaussées à l’encre à partir de la réappropriation d’images existantes. L’artiste se plaît à jouer de la brillance et de la matité, du fini et de l’inachevé en cherchant à nous démontrer un processus de longue durée, de pénibilité et de repentir. On est invité à une mascarade tragico-grotesque où la beauté côtoie la laideur et le bon du mauvais goût. On assiste à un télescopage entre le visible et l’invisible, le dessus et le dessous, le dedans et le dehors, la forme et le fond. Quant à la couleur qui détermine les formes, elle confère aux œuvres une intensité toute dramatique. En fait, la représentation peut se lire comme la négation de toute chair, autre que celle de la peinture.