Pour sa deuxième exposition à la galerie, Jan Kämmerling, jeune artiste de
Düsseldorf, explore un thème caractéristique dans son travail: la déstabilisation du regard – obtenue par un jeu d’obliques, à la fois dans la forme du châssis et dans les aplats de couleurs.
Fidèle à cette démarche, une grande peinture trapézoïdale (160 de hauteur sur 500 cm de large), recouverte uniformément, sur presque la totalité de sa surface, d’une couleur rouge, est bordée d’une fine bande triangulaire noire ; sur sa droite, la bordure biaisée va déterminer l’axe vertical du tableau.
Ainsi, pour l’accrochage le tableau tout entier va basculer suivant un angle de 6° donnant l’impression d’une composition instable.
Une série d’œuvres réalisées avec des feuilles métalliques (61×89 cm) est montrée pour la première fois, et donne son nom à l’exposition, The black of well polished shoes. Deux couleurs sont appliquées, suivant une diagonale (noir/gris, noir/blanc ou rouge/noir) et, dans la diagonale opposée, une découpe (triangle rectangle) est effectuée sur presque toute la longueur. Les parties restantes sont ensuite forcées de manière à ce qu’elles se retrouvent parallèles. Les couleurs se retrouvent ainsi décalées par rapport au dispositif initial.
S’appuyant sur certaines expériences historiques telles que le Constructivisme, le De Stijl et le Hard Hedge, Jan Kämmerling cherche par des processus simples à questionner notre mémoire visuelle. On retrouve dans sa démarche les principes chers aux artistes de l’abstraction géométrique : neutralité de la facture ainsi que dépouillement et rigueur formels. La palette utilisée est le plus souvent réduite à la confrontation de 2 couleurs, blanc/noir, vert/gris, noir/gris métallisé, sans jamais chercher à les exalter. Pour l’exposition, le rouge/noir sera privilégié.