Pour sa troisième exposition à la galerie, Alan Charlton présente un ensemble d’œuvres inédites qui dérogent à un vocabulaire formel mis en place depuis le début des années 70. Tout en restant fidèle à un principe initial auquel il n’a jamais failli – « I am an artist who makes a grey painting » – il développe aujourd’hui ses recherches avec des toiles triangulaires alors qu’il nous avait habitué jusqu’à présent à des formes quadrangulaires.
Depuis ses premiers tableaux, Square Hole Paintings, exposés à la galerie Konrad Fischer à Düsseldorf, en 1972, le travail d’Alan Charlton consiste exclusivement en des monochromes gris.
Dans cette nouvelle série, Diagonal Paintings, on retrouve le même soin apporté à la fabrication du châssis, à la tension de la toile et à cette couleur grise (gris toujours unique en raison du dosage de plusieurs couleurs) qu’il applique en plusieurs couches de manière uniforme, et en prenant soin de toujours laisser apparaître la texture de la toile.
La démarche d’Alan Charlton pourrait être rapprochée de celle des minimalistes par la mise à distance de toute narration et la valorisation du processus d’élaboration de l’œuvre. Sa pratique se réduit à un geste anonyme de recouvrement à plat. Dans chacune de ces séries, on retrouve cet attachement à une gamme étendue et subtile de variations de gris et aux formes des châssis. Ici, les toiles triangulaires, précisément distancées les unes des autres, engendrent un rythme qui invite au déplacement. Le regard échappe ainsi à un espace monochrome classique, statique, pour interagir avec le mur et l’espace de la galerie. Une autre constance chez l’artiste : tels des modules, les toiles laissent apparaître entre elles un vide de 4,5 cm qui correspond à l’épaisseur du châssis, intégrant ainsi le mur à l’œuvre. Une dimension physique et sculpturale se dégage de ce travail qui ne peut s’appréhender qu’une fois l’œuvre installée.
Alan Charlton est né à Sheffield (Grande Bretagne), en 1948, vit et travaille à Londres