Pour sa quatrième exposition à la galerie Jean Brolly, Nicolas Chardon présente une série de 15 peintures autour d’un même thème. Intitulée « Frises et ornements », l’exposition propose une relecture des motifs récurrents liés aux décors des grandes architectures.
Si la frise peinte connaît dans l’Italie du XVIe siècle son heure de gloire, on la retrouve sur des corniches de nombreuses constructions grecques et romaines, sur les cathédrales gothiques, les mosquées, les constructions Mayas de l’Amérique centrale, les architectures hautement décorées de la Chine, de l’Inde ou du Japon. Comme le signale l’artiste, « La frise traverse les âges, transcende les styles, les disciplines, les continents et les cultures.». Or, au XXe siècle, l’ornementation a été « criminalisée ». Adolf Loos dans son essai paru en 1908, Ornement et Crime, dénonce les effets décoratifs, et ainsi, beaucoup d’artistes se sentiront coupables de poursuivre une pratique millénaire.
Jusqu’à présent, Nicolas Chardon nous avait habitué à un jeu de citations où les formes issues du modernisme historique (carré, croix, cible et autres formes géométriques simples) étaient réactualisées avec un certain décalage.
Cette interrogation autour de la peinture, de l’image et de la représentation conduit l’artiste pour cette exposition à jouer sur des combinaisons allant de la simple répétition, à l’alternance d’un motif plus ou moins complexe. Les éléments utilisés appartiennent, selon l’usage cher à l’artiste, au répertoire de la géométrie (lignes, bandes, carrés, méandres). Ainsi, 15 toiles d’un format identique se déploient presque en continu sur tous les murs de la galerie. Sur chacune d’entre-elles un motif différent – noir sur fond blanc – se dessine en une frise qui occupe plus du tiers de la partie haute de la toile. La partie basse étant, quant à elle, recouverte d’une couche de peinture blanche qui laisse transparaître imperceptiblement la trame du tissu qu’elle recouvre. L’artiste se plaît à dire : « La frise est au Parthénon et dans notre cuisine. La frise court sur les murs de la galerie Jean Brolly ».
Depuis toujours, Nicolas Chardon applique une méthode qui consiste à tendre et à agrafer un tissu tramé (vichy, madras, écossais, damier) sur un châssis puis à peindre des figures géométriques en suivant les lignes de l’imprimé du tissu, qui perd son orthogonalité du fait de la tension. Seul, le champ de la toile sera gardé vierge, comme un indice, invitant ainsi notre regard à quitter la frontalité du tableau et à nous interroger sur le process